Depuis la fin de la seconde guerre mondiale cinq femmes seulement ont concouru en grand prix : Maria-Teresa de Filippis (1958), Lella Lombardi (1975-76), Divina Galica (1978), Désirée Wilson (1980) et Giovanna Amati (1992). Un constat quelque peu alarmant comparé avec le nombre d’hommes qui pratiquent ce sport.
« Trop faibles »
Pourquoi n’y a-t-il donc que très peu de femmes en formule 1 ? Les sports mécaniques seraient-ils beaucoup trop « masculin » pour les femmes ? Pour encore beaucoup de personnes dans ce monde, la réponse est oui. Il faut savoir qu’en formule 1, et dans les sports mécaniques en général, le machisme est encore très présent. Dans ce domaine, une femme est perçue comme étant beaucoup trop « faible ». Considérée comme moins forte et moins résistante, elle ne supporterait pas tous les effets des vitesses, des accélérations et des virages. Quand bien même elle en serait capable, se faire battre par une femme est encore inacceptable pour certains pilotes. Comme le confirme l’ancienne pilote italienne, Giovanna Amati, dans son livre Fast Life : « je devais souvent changer la décoration de ma voiture. Comme ça, les autres gars ne pouvaient pas m'identifier d'une course à l'autre. Pour eux, c'était inconcevable d'être battus par une femme. Ils préféraient souvent provoquer un accident que de me voir les dépasser ».
Beaucoup de pilotes sont encore hostiles vis-à-vis de la question des femmes en formule 1. Certains ont des avis très tranchés, et surtout sexistes. Et c’est Jenson Button qui l’emporte haut la main. Dans une interview au magazine masculin FHM qui date de 2005, il affirme « Une fille à gros seins ne serait vraiment pas bien installée dans le baquet de la F1. Et les mécaniciens n'arriveraient pas à se concentrer. Mettez-vous à la place de celui qui doit attacher sa ceinture de sécurité... ». C'est vrai, après tout une femme ne peut être résumée qu'à son corps. Intelligence, performances, capacités, ce ne sont que des détails.
Une « roue de secours »
La sous-représentation des femmes en formule 1 est aussi de la responsabilité des écuries qui évitent d’embaucher des femmes pilotes par manque de confiance en ses capacités. Des propos corroborés par Katherine Legge : « Le problème, c'est qu'aucune équipe ne veut être la première à engager une femme pilote, et risquer d'être ridicule si la fille n'arrive pas à finir la course ».
Dans certains cas, des femmes font office de « roue de secours ». C’est notamment le cas de la pilote sud-africaine Désiré Wilson, recrutée par Ken Tyrrell dans l'écurie qui porte son nom afin d'attirer des sponsors. La pilote est retirée de l’équipe dès que deux nouveaux pilotes proposent de courir pour l'écurie. En 1992 encore, Giovanna Amati est engagée par l’écurie Brabham, juste avant le début de la saison dans l’objectif d’attirer les médias et les sponsors pour sauver l'équipe, au bord de la faillite. Elle sera remerciée quelques courses plus tard.
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Il faut aussi dire que l'image des femmes en formule 1 est aussi la faute à pas de chance. En effet, la bonne étoile n’a pas toujours été avec les femmes. Beaucoup de leurs participations se sont soldées par des échecs, fruit du hasard dans beaucoup de cas. En 1992 par exemple, Giovanna Amati, avait eu la malchance de concourir sur la plus mauvaise voiture Brabham de l'histoire de l'écurie. Ce qui lui a valu des résultats très mitigés. Plus récemment, en 2012, l’Espagnole Maria de Villota est victime d'un accident lors d’un test en Angleterre qui lui coûte un œil. Des événements certes isolés, mais qui confortent encore plus l’idée selon laquelle la femme n’est pas faite pour les sports mécaniques.
Toutefois, pour finir sur une note positive, il convient de rappeler que certaines femmes arrivent malgré tout à s’imposer tant bien que mal dans ce monde. L’exemple le plus pertinent reste celui de l’Écossaise Susie Wolff, ancienne pilote de développement chez Williams F1 et seule femme pilote avec Carmen Jorda (Lotus) dans les paddocks de la Formule 1. Elle était la mieux placée pour devenir titulaire. Après sa retraite en 2015, elle resta la dernière femme à avoir piloté une Formule 1 avant l'arrivée de Tatiana Calderon en 2018.