Les A's n'ont pas le choix. Certaines franchises disposent alors d'un budget trois fois supérieur. Une nouvelle approche est donc développée par le manager général et ses assistants. Ils décident d'adopter une démarche scientifique. Cette dernière consiste à se concentrer sur les statistiques et à se détacher des outils traditionnels d'évaluation du talent des joueurs. Le but ? Dénicher à moindre coût les éléments aux données intéressantes, mais sous-estimés, mal considérés ou ignorés par les autres organisations, car trop vieux ou trop fragile physiquement. Parfois, les athlètes sont même changés de poste si les stats laissent présager une plus grande efficacité dans une autre position.
Il s'agit tout simplement d'une nouvelle manière de penser le baseball. Évidemment, spécialistes et observateurs ont vivement critiqué ces choix. D'ailleurs, les premiers résultats donnent raison aux détracteurs. Le 23 mai, les A's ont un bilan négatif (20-26). Mais Billy Beane maintient le cap. Et progressivement, les succès tombent et s'enchaînent. Le 13 août, la franchise californienne commence même une série qui restera à jamais gravée dans les mémoires. Ainsi, le 4 septembre, après 19 victoires consécutives, les Oakland Athletics sont en position de battre le record de l'Américain League, datant de 1906. Menés 11-0, leurs adversaires parviennent néanmoins à revenir au score. Lors du dernier lancé, Scott Hatteberg frappe la balle et l'envoie… dans les tribunes. Un home-run synonyme de 20ᵉ triomphe. Un point historique inscrit par une de ces recrues moquées en début de saison.
Les A's termineront avec 103 victoires et 59 défaites. Par la suite, les joueurs s'inclineront lors des Divisions Series contre Minnesota. Cependant, cette saison eut un impact considérable sur le monde du baseball. En effet, à partir de 2002, les autres franchises décideront également d'adopter cette approche statistique. C'est le cas des légendaires Red Sox de Boston. Deux ans après, ces derniers sont sacrés champions. Une première depuis… 1918.
Cette démarche a ensuite influencé d'autres disciplines. Là encore, nombreux étaient réticents. Par exemple, en Angleterre, beaucoup ont longtemps rejeté ces données scientifiques. Puis, toutes les certitudes furent bousculées par un certain Ian Graham. Ce dernier intègre en 2015 l'entourage de Jurgen Klopp, tout juste intronisé à Liverpool. Les Reds sont alors en difficulté depuis plusieurs saisons. Mais en quelques mois, le staff permet au club de revenir sur le devant de la scène. Dans un article datant de mai 2019, le New York Times s'était justement intéressé à l'influence de Graham et de son approche dans le recrutement des joueurs nécessaires à l'amélioration de l'effectif. Un travail qui a conduit cette équipe sur le toit du monde.
Aujourd'hui les données statistiques sont omniprésentes. Le sport lui ne cesse d'évoluer et de s'adapter aux changements de la société comme les innovations technologiques. Ces nouveautés peuvent parfois effrayer. Mais elles rendent aussi encore plus fascinant les exploits des athlètes et des équipes que nous admirons.