Houssam Elkord est originaire d'une ville connue à l'échelle mondiale pour sa formation en matière d'escrime. Pendant longtemps, le spécialiste de l'épée tire au sein des sélections françaises chez les jeunes. En 2013, il participe même aux championnats du monde junior avec la délégation tricolore en Croatie. Ils terminent à la cinquième place de l'épreuve par équipe. L'athlète, dont les deux parents sont originaires du Maroc, semble dans une situation idéale pour la suite de sa carrière. Mais ayant reçu une éducation centrée sur le pays d'origine de sa famille, il va finalement faire le choix de représenter ce dernier. Cette décision se fait en plusieurs temps comme il le rapporte dans une vidéo disponible sur la chaîne L'actu 24 sur YouTube.
Ainsi, les instances sportives marocaines l'approchent dès 2010. Cependant, le jeune épéiste a besoin de temps pour réfléchir. Finalement, en 2014, la fédération renouvelle sa proposition et il accepte. Preuve de son potentiel, les dirigeants français refusent de le laisser partir. Pendant 3 ans il doit patienter. 3 années qui auraient pu le décourager. Mais après ces 36 mois d'attente, il peut enfin tirer pour la sélection nationale. Et depuis les récompenses s'accumulent. Il obtient le bronze aux Jeux méditerranéens en 2018 et l'argent aux championnats d'Afrique en 2017. Mais surtout, il est titré aux Jeux africains de 2019 et décroche l'or deux fois de suite lors des championnats d'Afrique d'escrime en 2018 et l'année suivante. À Bamako en 2019, il participe également à mener le Maroc vers la médaille d'or par équipes. D'abord deuxième en 2013, 2014, 2015 et 2017, le Maroc remporte finalement l'édition 2019. On notera notamment l'exploit en demi-finale face à l'Égypte, tenante du titre depuis ... 2004.
Le Maroc dispose donc d'un véritable potentiel. S'il est peut-être symbolisé par cet athlète binational, les récents progrès des performances collectives témoignent plus largement de dispositions concrètes au niveau du pays. Tout n'est pas acquis évidemment. Le Maroc peine à se montrer sur la scène internationale. De plus, les médailles se limitent encore à l'épée masculine. Mais les résultats sont de plus en plus encourageants. Pour preuve, la 7ème place de Houssam Elkord lors de la manche de la coupe du monde disputée à Berne en novembre 2019. Pourtant, l'escrime reste marginalisée. En effet, la population se concentre sur des pratiques plus médiatisées. De plus, l'idée d'un sport réservé aux plus aisés est persistante.
Les instances pourraient avoir un rôle à jouer pour favoriser la communication vers les jeunes générations. Mais, le parcours des escrimeurs nationaux lors des prochaines échéances olympiques pourrait aussi constituer un déclic. On ressent en tout cas un potentiel grandissant ne demandant qu'à pouvoir s'exprimer.